PACHUCO HOP
Pascal Escobar
Pascal Escobar est né à Marseille en 1974. Il a été dynamiteur, projectionniste, guitariste de punk rock, éditeur, travailleur social et programmateur de festival. Il a tout raté, sauf la guitare. Ces chroniques où il raconte sa vie de rocker, sont initialement parues (sous une forme légèrement différentes) de 2017 à 2019 dans le (feu) fanzine Dig It !
"La salle est blindée. Moins que pour Mano Negra en 1989, mais il y a du monde. Je n’ai aucun souvenir des groupes de première partie. J’y vais pour Les Rats. Lorsqu’ils montent sur scène, impossible de se sentir déçu. Ces mecs sont plus vrais que nature. Le top, c’est le guitariste de droite. Celui qui a la Les Paul. Il a une vraie tête de rat. Si ce mec n’avait pas été rocker, il aurait été dealer en banlieue, c’est sûr. Il a une coupe de cheveux à la Johnny Thunders, une chemise blanche avec des slogans bombés à la peinture, des jeans bleus super étroits et des bottes Harley. La clope au bec, il envoie des solos du diable sur son Marshall à fond. L’autre guitariste est pas mal non plus. Moins expressif au niveau de la dégaine, il l’est plus par son jeu de scène. Il te regarde un peu hautain et méprisant mais pas dupe de son rôle et de sa place dans cette grande comédie du rock’n’roll. Il a une SG sur un Marshall également. L’ambiance n’est pas à la pop. L’ambiance est au punk et au pogo. Je fais mon premier slam. Je monte sur scène, je fais un tour côté jardin, un côté cours, en dansant la gigue et en prenant soin de bien me faire remarquer par le public. Avant qu’un type du service d’ordre ne m’éjecte de la scène, je plonge. Momo est à la basse. On dirait Smaïn déguisé en punk. Il est sur scène, immobile, et balance la purée. Lui non plus n’a pas le physique des abonnées à une salle de sport. Il est tout maigre avec un t-shirt pourri qui pend de partout et je vous jure qu’entre les morceaux, il se gratte les veines du bras. On connaît pas de toxicos, mais à Saint Henri, dans les terrains vagues, il y a des seringues partout."
Editions Mono-Tone (2020) 120p. 11 x 18 cm